Article très intéressant proposé par le blog de Permaforet
source : http://permaforet.blogspot.fr/2013/05/apiculture-en-warre.html
J'observe les ruches sauvages en forêt et étudie le comportement des
abeilles ainsi que leur biotope. Je réfléchis à un nouveau design de
ruche apicentré et un milieu permacole. Avec un collaborateur, nous
travaillons spécialement à l'expérimentation d'une mycoruche.
tronc de merisier accueillant une colonie d'abeilles sauvages |
L'essaim d'abeilles sauvages que j'observe se trouve dans un tronc mort
de merisier. Une partie de la colonie inspecte un nouveau tronc de
merisier potentiel avant l'essaimage cet été.
triangle bleu (ONF) = arbre gîte protégé |
Je remarque en forêt que les abeilles - et les fourmis - choisissent des
merisiers pour établir leur colonie, ainsi que des hêtres, des chênes
et des bouleaux.
Ces essences ont des propriétés médicinales et des qualités entant que matériau de construction.
repérage d'un autre tronc de merisier avant essaimage. |
Le merisier est un bois imputrescible, antiparasItaire et hydrofuge. On
observe que de très rares champignons sur le merisier: les lenzites, et
seulement quand l'arbre tombe sur le sol. On peut utiliser l'écorce du
merisier pour faire des tuiles de toit ou des revêtements muraux. Les
merisiers et les cerisiers sont très mellifères au printemps. Ce sont de
grands arbres, de 10 à 30 m de haut, qui se repèrent facilement en
forêt au printemps. Les bouleaux, les pins et les hêtres ont aussi des
composés intéressantes.
Plus j'observe la vie des abeilles sur le terrain, plus le lien entre
merisier et abeilles devient éloquent. Ainsi qu'avec les insectes
xylophages, les fourmis, les champignons lignicoles, les martres, les
blaireaux et les piverts. Non pas comme prédateurs, mais comme hôtes
mutualistes dans le cycle de décomposition du merisier, dont une partie
de vie est occupée par les abeilles. Leur succession dans le cycle du
merisier est tout à fait différent de ce qui se passe dans les ruchers
cultivés.
La gestion de la forêt et l'artificialisation des ruchers cultivés
conduit à une prédation, reflétant l'état de famine et de rudesse de
l'hiver pour toute la faune.
Je publierais mes résultats de recherches préliminaires à la fin du
cycle annuel. Une partie sera consacrée à des suggestions de
préservation/régénération du biotope des abeilles sauvages, une partie
concernera l'évolution de l'entretien des forêts vers des pratiques
écocentrées, et la mise en réserve d'erreurs telle la fauche, le
défrichage, la coupe précoce, le nettoyage du bois mort, et autres
pratiques destructrice de biodiversité. Une synthèse qui amènera vers un
design écocentré complètement innovant, aussi bien dans le design de la
ruche elle-même que dans le milieu, et dans la pratique mêlant
apiculture avec d'autres secteurs agricoles et forestiers. Le modèle et
le protocole seront expérimentés en 2016 dans la forêt jardin avec
publication à la clé.
ruche sauvage dans un tronc, à voir sur le peuple des abeilles photo d'Eric Tourneret à voir sur www.thehoneygatherers.com |
blessure d'écorce de merisier |
écorce de hêtre rougie par fomitopsis pinicola |
goudron de hêtre mycoaccumulé par le champignon fomitopsis pinicola |
Les propriétés imputrescible et antiparasitaire du merisier proviennent
de sa composition: le merisier contient un glucoside cyanogénétique, de
l'acide cyanhydrique et benzoïque et d'autres acides organiques. La
gomme qui s’exsude du tronc en cas de blessure est comestible, elle est
mucilagineuse.
marges orange et rouge du fomitopsis pinicola, témoin de la présence d'antocyane et de carotène |
Les pigments rouges sont dus à des pigments anthocyaniques (composés
mono et diglucosides, et rhamnosides) et des caroténoïdes. Les
anthocyanes et les carotènes sont parmi les composés les plus
antioxydants, que l'on retrouve dans les fruits rouges, les feuilles de
vigne ou d'érables, les carottes, les betteraves... Ils ont aussi des
propriétés vitaminiques. On retrouve cette composition caractéristique
dans les cerises, l'écorce de merisier, la lenzite versicolore, le
fomitopsis pinicola.
les champignons contiendraient aussi des composés terpéniques.
Dans les troncs de hêtre, le fomitopsis pinicola mycoaccumule la sève et
forme un goudron végétal, aux vertus antiseptiques, vermifuges,
astringentes et d'anesthésique local.
laque naturelle. cambium rougi par les composés antocyaniques et caroténoïdes du fomitpsis pinicola, sur bois de hêtre. le noir provient du goudron de hêtre. |
Il serait intéressant d'utiliser du merisier pour constituer les ruches
ou de creuser des ruches sauvages dans des troncs de merisier. Ou
d'utiliser de vieux troncs de chêne mangés par les termites, déjà creusé
et dont l'écorce et le cambium sont intacts. Ces bois ne sont pas
commercialisables en l'état et pourraient donc être valorisés. Pour les
ruches, cela permettra d'être résilient: valoriser du bois de coupe non
commercialisable, ne pas couper d'arbres sains pour réaliser des
ruchers, économiser un temps d'ouvrage énorme.
tronc de merisier creux - ancienne termitière. |
tronc de chêne creux - ancienne termitière. |
Je m'interroge aussi sur les interactions possibles avec les lenzites,
et sur l'éventualité que les abeilles puissent se nourrir du mycélium
des lenzites, notamment de la lenzite tricolore, lenzites tricolor, et
le tramète bossu, tramates gibbosa, à la pourriture blanche très active.
Lignivores et cellulosivores.
tramates versicolor sur souche de chêne |
une cavité dans la terre dans laquelle se développe du mycélium au pied d'un chêne - insectes et mammifères. |
cavité et galeries creusé dans le bois de chêne par des fourmis charpentières ou des larves de capricornes |
blessure et résine d'épicéas par sangliers et chevreuil. le mycélium de champignons lignicoles comme le fomitpopsis pinicola va pouvoir s'installer et améliorer les vertus médicinales |
copeaux de bois morts et tronc de hêtre creusé par des cavités de larves et d'insectes, fouillées par des mammifères en hiver. (à côté d'un merisier) |
Les merisiers attirent aussi les fourmis, les oiseaux, les ours, les
cerfs, les blaireaux, les fouines et les renards. Il me reste à observer
les interactions avec la faune compagne. Les fourmis protègent le
merisier le temps de son vivant. Elles peuvent aussi en coloniser les
troncs morts que l'on retrouvent à son tour colonisé de mycélium à
pourriture blanche.
Les blaireaux jouent le même rôle que les ours, en blessant l'arbre, les
spores de mycélium colonisent la blessure dans la résine de l'arbre. Le
mycélium participe
à augmenter les propriétés médicinales lors de son vivant, puis de décomposer l'arbre lors de sa sénescence.
Les champignons lignicoles comme les amadouviers sur chêne et hêtre par
exemple , les fomitpsis pinicola sur les chênes, les hêtres ou les
résineux, le polypore du bouleau sur les bouleaux, les lenzites
versicolore et les tramètes hirsutes sur les merisiers, font partie des
mycéliums que les abeilles peuvent exposer aux UVS pour provoquer les
exsudats d'enzymes chez le mycélium et dont peuvent se nourrir les
abeilles en été pour activer leur système immunitaire. (voir vidéo de
Paul Stamets).
Une grande révolution en mycogardening, c'est d'allier arboriculture, myciculture et apiculture.
mycélium sous l'écorce d'un bouleau en cours de décomposition. |
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