lundi 2 novembre 2015

Abeilles et Merisiers ? par Permaforêt

Article très intéressant proposé par le blog de Permaforet

source : http://permaforet.blogspot.fr/2013/05/apiculture-en-warre.html
 J'observe les ruches sauvages en forêt et étudie le comportement des abeilles ainsi que leur biotope. Je réfléchis à un nouveau design de ruche apicentré et un milieu permacole. Avec un collaborateur, nous travaillons spécialement à l'expérimentation d'une mycoruche.

tronc de merisier accueillant
une colonie d'abeilles sauvages
L'essaim d'abeilles sauvages que j'observe se trouve dans un tronc mort de merisier. Une partie de la colonie inspecte un nouveau tronc de merisier potentiel avant l'essaimage cet été.
triangle bleu (ONF)
= arbre gîte protégé
Je remarque en forêt que les abeilles - et les fourmis - choisissent des merisiers pour établir leur colonie, ainsi que des hêtres, des chênes et des bouleaux.
Ces essences ont des propriétés médicinales et des qualités entant que matériau de construction.
repérage d'un autre tronc de merisier avant essaimage.

Le merisier est un bois imputrescible, antiparasItaire et hydrofuge. On observe que de très rares champignons sur le merisier: les lenzites, et seulement quand l'arbre tombe sur le sol. On peut utiliser l'écorce du merisier pour faire des tuiles de toit ou des revêtements muraux. Les merisiers et les cerisiers sont très mellifères au printemps. Ce sont de grands arbres, de 10 à 30 m de haut, qui se repèrent facilement en forêt au printemps. Les bouleaux, les pins et les hêtres ont aussi des composés intéressantes.
Plus j'observe la vie des abeilles sur le terrain, plus le lien entre merisier et abeilles devient éloquent. Ainsi qu'avec les insectes xylophages, les fourmis, les champignons lignicoles, les martres, les blaireaux et les piverts. Non pas comme prédateurs, mais comme hôtes mutualistes dans le cycle de décomposition du merisier, dont une partie de vie est occupée par les abeilles. Leur succession dans le cycle du merisier est tout à fait différent de ce qui se passe dans les ruchers cultivés. 
La gestion de la forêt et l'artificialisation des ruchers cultivés conduit à une prédation, reflétant l'état de famine et de rudesse de l'hiver pour toute la faune. 
Je publierais mes résultats de recherches préliminaires à la fin du cycle annuel. Une partie sera consacrée à des suggestions de préservation/régénération du biotope des abeilles sauvages, une partie concernera l'évolution de l'entretien des forêts vers des pratiques écocentrées, et la mise en réserve d'erreurs telle la fauche, le défrichage, la coupe précoce, le nettoyage du bois mort, et autres pratiques destructrice de biodiversité. Une synthèse qui amènera vers un design écocentré complètement innovant, aussi bien dans le design de la ruche elle-même que dans le milieu, et dans la pratique mêlant apiculture avec d'autres secteurs agricoles et forestiers. Le modèle et le protocole seront expérimentés en 2016 dans la forêt jardin avec publication à la clé.
ruche sauvage dans un tronc, à voir sur le peuple des abeilles
photo d'Eric Tourneret à voir sur www.thehoneygatherers.com
blessure d'écorce de merisier
écorce de hêtre rougie
par fomitopsis pinicola
goudron de hêtre
mycoaccumulé
par le champignon
fomitopsis pinicola
Les propriétés imputrescible et antiparasitaire du merisier proviennent de sa composition: le merisier contient un glucoside cyanogénétique, de l'acide cyanhydrique et benzoïque et d'autres acides organiques. La gomme qui s’exsude du tronc en cas de blessure est comestible, elle est mucilagineuse.
marges orange et rouge du fomitopsis pinicola,
témoin de la présence d'antocyane et de carotène
Les pigments rouges sont dus à des pigments anthocyaniques (composés mono et diglucosides, et rhamnosides) et des caroténoïdes. Les anthocyanes et les carotènes sont parmi les composés les plus antioxydants, que l'on retrouve dans les fruits rouges, les feuilles de vigne ou d'érables, les carottes, les betteraves... Ils ont aussi des propriétés vitaminiques. On retrouve cette composition caractéristique dans les cerises, l'écorce de merisier, la lenzite versicolore, le fomitopsis pinicola.
les champignons contiendraient aussi des composés terpéniques.
Dans les troncs de hêtre, le fomitopsis pinicola mycoaccumule la sève et forme un goudron végétal, aux vertus antiseptiques, vermifuges, astringentes et d'anesthésique local.
laque naturelle.
cambium rougi par les composés antocyaniques et caroténoïdes du fomitpsis pinicola, sur bois de hêtre.

le noir provient du goudron de hêtre.
Il serait intéressant d'utiliser du merisier pour constituer les ruches ou de creuser des ruches sauvages dans des troncs de merisier. Ou d'utiliser de vieux troncs de chêne mangés par les termites, déjà creusé et dont l'écorce et le cambium sont intacts. Ces bois ne sont pas commercialisables en l'état et pourraient donc être valorisés. Pour les ruches, cela permettra d'être résilient: valoriser du bois de coupe non commercialisable, ne pas couper d'arbres sains pour réaliser des ruchers, économiser un temps d'ouvrage énorme.
tronc de merisier creux - ancienne termitière.
tronc de chêne creux - ancienne termitière.
Je m'interroge aussi sur les interactions possibles avec les lenzites, et sur l'éventualité que les abeilles puissent se nourrir du mycélium des lenzites, notamment de la lenzite tricolore, lenzites tricolor, et le tramète bossu, tramates gibbosa, à la pourriture blanche très active.
Lignivores et cellulosivores.
tramates versicolor sur souche de chêne
une cavité dans la terre dans laquelle se développe du mycélium au pied d'un chêne - insectes et mammifères.
cavité et galeries creusé dans le bois de chêne par des fourmis charpentières ou des larves de capricornes
blessure et résine d'épicéas
par sangliers et chevreuil.
le mycélium de champignons lignicoles
comme le fomitpopsis pinicola
va pouvoir s'installer
et améliorer les vertus médicinales
copeaux de bois morts et tronc de hêtre
creusé par des cavités de larves et d'insectes,
fouillées par des mammifères en hiver.
(à côté d'un merisier)
Les merisiers attirent aussi les fourmis, les oiseaux, les ours, les cerfs, les blaireaux, les fouines et les renards. Il me reste à observer les interactions avec la faune compagne. Les fourmis protègent le merisier le temps de son vivant. Elles peuvent aussi en coloniser les troncs morts que l'on retrouvent à son tour colonisé de mycélium à pourriture blanche.
Les blaireaux jouent le même rôle que les ours, en blessant l'arbre, les spores de mycélium colonisent la blessure dans la résine de l'arbre. Le mycélium participe
à augmenter les propriétés médicinales lors de son vivant, puis de décomposer l'arbre lors de sa sénescence.
Les champignons lignicoles comme les amadouviers sur chêne et hêtre par exemple , les fomitpsis pinicola sur les chênes, les hêtres ou les résineux, le polypore du bouleau sur les bouleaux, les lenzites versicolore et les tramètes hirsutes sur les merisiers, font partie des mycéliums que les abeilles peuvent exposer aux UVS pour provoquer les exsudats d'enzymes chez le mycélium et dont peuvent se nourrir les abeilles en été pour activer leur système immunitaire. (voir vidéo de Paul Stamets).
Une grande révolution en mycogardening, c'est d'allier arboriculture, myciculture et apiculture.
mycélium sous l'écorce d'un bouleau en cours de décomposition.

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