mardi 10 novembre 2015

Novembre 1923, Rudolph Stiener interrogeait notre rapport à la nature

" Les abeilles sont sous le signe de forces naturelles d’une extraordinaire importance et vraiment admirables. C’est pourquoi on éprouve une certaine appréhension à intervenir avec ses grosses mains dans le jeu des forces naturelles. Aujourd’hui encore, il s’avère en effet toujours que là où
l’homme intervient ainsi dans les forces de la nature, loin d’améliorer les choses, il les aggrave. Mais il ne les aggrave pas tout de suite, il est bien vrai que la nature se heurte à des obstacles ; malgré ces obstacles, elle agit du mieux qu’elle peut. Certains de ces obstacles, l’homme peut les écarter et par là apporter à la nature bien des allégements".
Ces quelques phrases de Rudolph Stiener prononcées  en novembre 1923 dans le cadre de ses conférences : Abeilles, Fourmis et Guêpes nous mettait, il y a déjà un siècle, en garde contre  les interventions répétées d'une apiculture qui comme sa grande sœur l'agriculture tendait à s'intensifier. Aujourd'hui un contre-courant teinté de naturalisme, où préservation et observation se mêlent, où savoir-faire traditionnel et prise en compte de problématiques actuelles s'équilibrent, voit le jour.

On parle du déclin des abeilles, on en cherche les causes aussi multiples soient-elles. Toutefois l’acteur principal du scénario catastrophe est bien l'Homme. Comble d'espoir il est d’ôté d'un super pouvoir, celui de changer, prendre du recul, s’interroger sur ses pratiques et incarner durablement la personne qu'il a envie d'être. Quel Homme ? Quel apiculteur nous souhaitons devenir est fondamental dans l'approche de sa pratique, ceci déterminera vos choix : agir ou non en conscience.

Dans les stages nous accueillons des personnes aux profils très différents mais avec un dénominateur commun : le bien-être des abeilles. Permaculteurs altermondialistes, retraités, jeunes couples qui abandonnent leur vie urbaine, écolo-bricolo, maman qui veut élever ses enfants dans un monde meilleur, jeune cadre dynamique qui veut se laver la tête de son quotidien consumériste, amoureux du vivant sauvage, vous peut-être...Tous désirez être acteur du changement et vous reconnectez avec la nature en inversant l'écrasante machine qui fait de nous le terroriste de notre propre avenir. 
Si comme le tri des déchets, éteindre la lumière ou rejoindre une association verte, accueillir des abeilles, était un geste vers un mieux vivre ensemble (comprenez la chaine du vivant) ? Comme le colibri fait sa part, il appartient à tous de se rendre service en restaurant la biodiversité. 
Quel bonheur d'accueillir des abeilles au jardin, de voir nos butineuses s'éclater dans les fleurs des vergers et d'enfin pouvoir les suivre pour qu'elles nous enseignent la nature. Quel plaisir de partager cela en famille, de voir petits et grands s’émerveiller devant l'intelligence de la colonie. Toujours dans les stages, certaines personnes (parfois avec pudeur) déclarent ne pas aimer le miel. Et rajoutent " moi je veux juste des abeilles dans ma vie". En effet on peut tout à fait distinguer petit élevage et accueil en nichoir libre : ruche de biodiversité ou  abri respectueux des besoins de l'abeille Apis Mellifera. En ce qui me concerne je trouve les deux approches incroyablement complémentaires, les ruches de biodiversité m'offriront des essaims naturellement sains qui peupleront mes ruches ou d'autres gîtes exempts d'intervention humaine.


Sur cette photo je propose de recycler un vieux tonneau à la retraite pour accueillir une colonie. Le volume est autour d'une quarantaine de litres, ce qui s'avère suffisant pour l'établissement de la colonie et ses besoins  en stockage de miel mais aussi intéressant car prompt à l'essaimage des colonies dynamiques. Pour l'isolation et pour l’accueil cette fois d'abeilles solitaires j'ai glané au jardin mes tiges creuses de diamètres différents : rose trémière, eupatoire, berce, roseaux, sureau, ronce....

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