mardi 3 novembre 2015

Depuis quand utilise-t-on des paniers pour loger des abeilles ? extrait des ruches de biodiversité


Depuis quand utilise-t-on des paniers pour loger des abeilles ?

Quelles traces en a-t-on retrouvées ? Et cette histoire commune entre vannier et apiculteur, touche-t-elle vraiment à sa fin ? Voilà quelques-unes des interrogations légitimes de ce dossier, auxquelles nous allons tenter d’apporter des réponses !
On l’a oublié, mais les apiculteurs ont longtemps été des vanniers ! Peut-être que l’aventure commune débuta à la suite d’un concours de circonstance. Un grand moteur de nos découvertes primitives, le concours de circonstance !
Qu’un essaim en vadrouille soit venu se loger dans une corbeille retournée dans ou à proximité d’un campement pré-historique est un scénario tout à fait réaliste. L’apiculture est peut-être antérieure à sa grande sœur l’agriculture… Allez savoir ?
Un petit retour en arrière s’impose. L’habitat originel de l’abeille, celui choisi spontanément par la colonie pourra être une anfractuosité de rocher ou un arbre creux. On ne parle pas encore de ruche, et pour cause, l’objet est pure invention humaine. Invention dont on ne connaît pas l’origine. On trouve des gravures rupestres qui pourraient représenter des abeilles. À peine plus récemment, les formes stylisées des fresques égyptiennes sont sans équivoque ; mais point de ruche gravées sur ces livres de pierre !
Grecs et Romains en revanche connaissent et utilisent la ruche, leurs auteurs en parlent en des termes non ambigus : « Quant aux ruches elles-mêmes, que tu les aies faites en raboutant des écorces creuses ou en tissant des brins d’osier flexibles, donne leur de petites ouvertures », écrit le poète Virgile dans ses Géorgiques quelques années avant notre ère*. Rappelons qu’à l’époque et pour longtemps encore, le miel restera la seule source de sucre. Il fut pour les gastronomes Romains un ingrédient irremplaçable de leur cuisine si riche en mélange de saveurs. Les usages domestiques et multiples de la cire étaient eux aussi connus.
Ce n’est donc pas un hasard si la première ruche authentique dont on a retrouvé la trace est romaine. Magali-Cullin-Mingaud en cite deux modèles : l’un en latte de bois et osier, l’autre en paille et ronce. Toutes deux ont été reproduites par Guy Barbier, elles sont en tout point semblables à celles utilisées encore couramment au milieu du XXe siècle !
Une idée reçue voudrait que les plus antiques des ruches soient des troncs creux…
Ce fût sans doute opportunément le cas, ce ne fut probablement pas le cas général.
La raison en est simple : débiter un arbre, même déjà creux, en tronçons de 50 cm à 60 cm de haut  et d’un volume de 30 l à 50 l demande une technologie complexe… Alors que réaliser une corbeille spiralée cousue en dôme se fait sans autre outil qu’un couteau en silex et un poinçon en os ! La maîtrise de cette technique est d’ailleurs attestée plusieurs milliers d’années avant Jésus-Christ. À la réflexion, ce n’est pas un hasard si nos aïeux ont su réaliser des huttes en pailles et en bois tressé longtemps avant de construire des maisons charpentées ! L’outillage utilisé reste un facteur déterminant des techniques explorées par les anciens ! En revanche, que des cylindres naturels creux ou des assemblages d’écorces, par exemple de chêne liège, de bouleau ou autres, aient pu servir de ruches est une réalité, mais ce ne fut le cas qu’occasionnellement.
Plus tard, les œuvres picturales des artistes du Moyen âge attestent de leurs usages, en faire l’inventaire constituerait une passionnante étude !
Dans l’Encyclopédie qu’il supervise, Diderot et d’Alembert font l’éloge de la ruche en paille (XVIIIe siècle). En 1861, Henri Hamet dans son Cours pratique d’apiculture qui signe l’avènement de l’apiculture contemporaine, écrit que pour désigner un vaisseau abritant des abeilles, « on donne communément le nom de panier à une ruche ». Le même auteur décrit plusieurs modèles de ruches en paille de seigle et décrit des métiers pour les fabriquer rapidement en série. C’est dire l’importance que revêtent alors ces objets dans l’économie d’alors, c’est aussi la preuve d’une forte demande ! Les mêmes formes, celles en cloche ou en dôme plus ou moins arrondis sont aussi tressées « en petit bois » de saule, en clématite, en viorne, en noisetier, etc. Les unes comme les autres sont dites « ruches fixes », en opposition aux modernes ruches « à cadres mobiles ». Les limites d’utilisation des ruches à cadres fixes sont connues et reconnues : impossibilité de visiter  les colonies, elles ont pendant très longtemps fait l’objet de pratiques critiquables. Pour autant, du fait qu’elles constituent le meilleur des habitats pour l’abeille, ont en encouragea un temps la transformation, inventant la ruche à calotte en vannerie, puis celle dites mixte : en vannerie surmontée d’une hausse en planche. Puis, la rationalisation de la discipline signera l’arrêt de ses innovations et d’une très longue collaboration. Il paraît comme une évidence qu’apiculture et vannerie cheminent depuis longtemps sur des chemins parallèles ; les deux disciplines s’accordent merveilleusement, elles sont faites l’une pour l’autre, il semble opportun de s’en souvenir et d’en perpétuer la pratique, car de toute évidence, cette histoire commune pourrait bien, comme le Phoenix, renaître de ses cendres.

source : Perrine de http://ruchesdebiodiversite.fr

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